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#Janvier 2019 : Marketing et Développement Durable

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La première journée Marketing et Développement Durable (JMDD) a eu lieu le 6 décembre 2018 à Troyes

Table ronde sur les pratiques marketing en matière de développement durable : enjeux et limites

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Tribune coordonnée par Dhouha El Amri, Enseignant-chercheur en Marketing à l’ICD International Business School, Paris et responsable des tribunes de l’afm.

Dans le cadre de la première journée Marketing et Développement Durable du GIT-afm qui a eu lieu à Troyes le 6 décembre 2018 sous la coordination scientifique de Sihem Dekhili de l’Université de Strasbourg et Laure Lavorata de l’Université de Reims Champagne-Ardenne. La table ronde intitulée « les pratiques marketing en matière de développement durable : enjeux et limites » a développé plus précisément le volet de la communication sur les pratiques durables.

La table ronde a été animée par Sihem Dekhili, chercheure en marketing à l’Université de Strasbourg, spécialisée dans la consommation responsable. Elle nous expose son point de vue de chercheur sur la communication environnementale, sa perception par les consommateurs ainsi que les conditions de son efficacité.

Présentation des participants

  • Mme Carole Espinasse, Déléguée au Développement Régional, Le groupe La Poste
  • Mr. Lois Moreira, Ingénieur conseil Eco-Conception, Pôle Eco-conception et Management du Cycle de Vie
  • Mme Emilie Restout, Responsable Communication & Marketing, Goodwill-management

Mme Carole Espinasse a exposé une démarche complète de son entreprise La Poste en matière de responsabilité environnementale et sociale. Mr. Lois Moreira du Pôle Eco-conception a développé le sujet de la communication environnementale en auto-déclarations à travers l’exemple d’un guide en cours de construction. Enfin, Mme Emilie Restout (Goodwill-management) s’est concentrée sur le cas de l’éco-labellisation en détaillant l’exemple du label Lucie.

Point de vue de chercheur - Sihem DEKHILI (Université de Strasbourg)

Sihem DEKHILI est en poste à l’Université de Strasbourg depuis 2008. Elle a suivi des études d’ingénieur en agro-économie puis obtenu un doctorat en marketing à SupAgro Montpellier. Ses principaux thèmes de recherche sont focalisés sur la consommation responsable, elle s’intéresse à titre d’exemples à la problématique de l’éco-labellisation, au prix équitable, à l’image écologique du pays d’origine et à la communication verte. Elle explore en particulier les limites de l’argument écologique et son inefficacité auprès des consommateurs. Ses recherches ont conduit à publier plus de 30 articles académiques dans plusieurs revues nationales et internationales classées..

À travers la communication environnementale, les entreprises cherchent essentiellement à stimuler la demande pour les produits écologiques et à se différencier de la concurrence (Banerjee et al., 2003). Mais, la communication environnementale n’a pas vraiment réussi à transmettre les avantages environnementaux réels des produits et à offrir aux annonceurs une image écologique positive (Peattie et Crane, 2005). La volonté des entreprises de verdir leur image se traduit parfois par des comportements opportunistes (greenwashing). On parle d’un écart entre l’information diffusée par l’entreprise et sa performance environnementale réelle. Il suffit par exemple d’observer les nombreux forums sur les réseaux sociaux (exemple: Marre de l'écologie à tout bout de champ) et la multiplication des actions de plusieurs organisations non gouvernementales (exemple: les amis de la terre) pour constater le scepticisme des consommateurs et la prédominance du phénomène de contestation de la communication verte (Winn et Angel, 2000). Des consommateurs perçoivent la communication environnementale comme ambigüe, trompeuse et exagérée et expriment une faible confiance envers les marques qui les émettent (Westphalen et Libaert, 2009). La littérature a montré que le scepticisme envers la communication environnementale a un impact négatif sur le comportement d’achat des produits écologiques. Plus encore, la communication environnementale trompeuse pourrait, plus largement, influencer négativement l’image des annonceurs engagés avec sincérité en faveur de l’enjeu du développement durable, et pénaliser ainsi les communications réellement éco-responsables (Manrai et al, 1997).

Un enjeu majeur qui se pose aujourd’hui est celui de l’efficacité et de la crédibilité de la communication environnementale (Dekhili et Achabou, 2013). Plusieurs études ont été conduites pour identifier les conditions d'efficacité d'une communication. Celles-ci varient selon les produits et en fonction des stratégies mises en œuvre par l'annonceur. Les résultats antérieurs montrent que le contenu du message doit comporter une information précise, complète et simple. De plus, il est primordial que la communication émise soit en adéquation avec les valeurs personnelles et les intérêts du récepteur (Giannelloni, 1998). 

Par ailleurs, l’efficacité d’un message dépend de la crédibilité accordée à l’annonceur. Cette dernière peut être définie comme l’honnêteté perçue de l’entreprise à l’origine de la communication (Manrai et al, 1997). Ainsi, les informations environnementales émises par des organismes publics et autres sources indépendantes bénéficient d’une meilleure crédibilité que celles fournies par les entreprises et les distributeurs (Delmas et Burbaono, 2011). D’autres recherches soulignent l’importance des preuves tangibles pour convaincre le consommateur de la sincérité du message.

Parmi les preuves associées à la communication environnementale, l’écolabel apparaît comme un moyen important permettant aux consommateurs de pouvoir choisir leurs produits ; les informations sur les caractéristiques environnementales des produits n’étant pas observables (Brécard et al., 2009). La labellisation environnementale indique que le producteur s’est conformé à des normes écologiques, et permet par conséquent de rassurer le consommateur (Schumacher, 2010).

Plusieurs études ont mis en évidence un effet positif des labels environnementaux sur la confiance (Montoro-Rios et al., 2006) et la préférence (Bernard, 2009) des consommateurs, ainsi que sur la simplification de la tâche de choix des produits sur la base de leur qualité environnementale (Thøgersen et al, 2010). D’autres recherches, en revanche, ont souligné des limites dans les systèmes d’écolabellisation. L’efficacité de ce signal a été réduite d’abord par la multiplication des affichages environnementaux sur le marché. Schepers (2010) souligne que la variété des affichages, de leurs sources et des types d’informations, met les consommateurs dans l’incapacité d’identifier les labels environnementaux les plus fiables. En effet, depuis quelques années, les labels environnementaux officiels (exemple: NF Environnement) sont de plus en plus concurrencés par des labels non officiels (l’exemple des auto-déclarations). Lorsque les entreprises optent pour des auto-déclarations, elles établissent elles-mêmes leurs propres objectifs environnementaux et ne font pas intervenir de tierces parties indépendantes. Les informations véhiculées par ce type d’affichage sont facilement manipulables, ce qui peut donner lieu à des déclarations mensongères moins efficaces auprès des consommateurs (Darnall, 2008). En revanche, lorsque les entreprises ont recours à un écolabel officiel, une tierce partie indépendante est directement impliquée dans l’élaboration des cahiers de charge, dans ce cas la démarche de labellisation est dite institutionnalisée. Ces conclusions sont à relativiser notamment dans le cas de marques à fortes notoriétés. À travers une étude portant sur le cas Nespresso, Dekhili et Achabou (2014a) ont montré que l’auto-déclaration peut conduire au même niveau de préférence des consommateurs pour des produits écologiques qu’un label officiel. Par ailleurs, d’autres indicateurs comme le pays d’origine peuvent interférer et influencer l’évaluation de produits écologiques portant un même écolabel officiel. L’indication d’un pays d’origine ayant une image écologique défavorable impacte négativement l’évaluation d’un produit labellisé, même dans le cas d’un label décerné par un organisme certificateur indépendant (le cas de l’écolabel Européen) (Dekhili et Achabou, 2014b).

En dehors de la multiplication et l’hétérogénéité des affichages environnementaux, d’autres insuffisances fragilisent les systèmes d’écolabellisation. Il s’agit notamment de la faible harmonisation des programmes de labellisation (Lozano et al., 2010), du manque de crédibilité des organismes certificateurs (Ozanne et Vlosky, 2003) ou encore de l’insuffisance de la communication autour des labels (Potoski et Prakash, 2005). Certains consommateurs estiment que la démarche de labellisation est basée plutôt sur une approche incomplète qui ne prend en compte qu’un nombre limité de critères.

La compréhension du contenu du label semble être un élément indispensable pour garantir les gains recherchés par l’entreprise. Les consommateurs ont besoin non seulement de connaître les écolabels mais aussi de comprendre leur signification. L’objectif de l’écolabellisation est celui de transformer un bien d’expert en un bien ordinaire accessible aux consommateurs (Dekhili et Achabou, 2013).

Conclusion

Dans le contexte actuel règne le phénomène de greenwashing qui caractérise l’opportunisme de plusieurs entreprises surfant sur la vague ‘écologique’ sans forcément faire preuve d’un vrai engagement et d’une démarche complète qui prend en compte toutes les étapes du cycle de vie du produit ou service. Le cas La Poste est en ce sens intéressant car il illustre l’exemple d’une organisation qui intègre à différents niveaux la réflexion autour du développement durable. Cela a conduit à faire évoluer des métiers (le facteur qui devient conseiller en consommation énergétique) et de revoir son business model. Le fait que l’Etat soit l’actionnaire majoritaire de l’entreprise fait que le personnel n’a pas de pression forte pour atteindre des objectifs économiques court-termistes, ce qui semble faciliter la réalisation des objectifs écologiques et favoriser une réflexion assez complète sur les actions durables à mettre en oeuvre.

Pour contourner le greenwashing et convaincre les consommateurs de la qualité écologique de leurs produits, les entreprises optent pour des affichages environnementaux. La littérature a montré globalement que l’institutionnalisation de l’affichage via l’intervention d’une tierce partie indépendante accroît la crédibilité du signal. Plus précisément, l’auto-déclaration diffusée librement par les entreprises a été souvent jugée moins crédible, à l’exception du cas des entreprises bénéficiant d’un capital marque solide. En ce sens, l’effort que fait le Pôle Eco-conception peut être profitable : donner les clés aux professionnels pour mieux mobiliser les auto-déclarations. En mettant l’accent sur des critères d’efficacité, de pertinence, d’exactitude, de véracité, de sincérité et d’humilité, il serait peut-être possible d’accroître la crédibilité des auto-déclarations y compris dans le cas de marques ayant une faible notoriété. Ces critères d’efficacité des auto-déclarations explorés dans le cadre du guide du Pôle Eco-conception sont concordants avec ceux déjà identifiés dans des travaux académiques.

En même temps, des interrogations émergent : à quel type d’entreprises en particulier peut bénéficier le guide sur les auto-déclarations ? devrait-il être appliqué de la même façon quel que soit le secteur d’activité, la taille de l’entreprise et le capital marque ? Ces variables sont susceptibles d’influencer les stratégies de communication des entreprises autour de leur engagement en faveur du développement durable.

Dans le cas de labels officiels (le cas du Label Lucie), l’efficacité du signal n’est pas non plus garantie. Il est intéressant de noter que l’entreprise a revu sa communication autour du label pour la rendre plus accessible à la cible. La littérature académique nous a déjà indiqué que l’une des raisons de manque de crédibilité des labels est liée à l’incompréhension de son contenu. Dans le cas Lucie, les professionnels semblent avoir pris conscience de cet enjeu. Ainsi, pour rendre le contenu du message moins « expert », ils ont recouru à une approche originale basée sur la co-communication avec les clients. Si le programme des « ambassadeurs » semble une initiative de communication intéressante qui permet d’impliquer les clients dans la construction d’un message plus parlant et plus clair, il peut susciter des interrogations. La démarche de co-communication n’est peut-être pas sans risque pour l’entreprise ? Par exemple, sur quelle base sélectionner les clients co-créateurs les plus performants ?

Point de vue de manager - Carole ESPINASSE (Groupe La Poste)

Carole ESPINASSE est déléguée au développement régional au sein de la Délégation Régionale du Groupe La Poste pour le Grand Est depuis 2013.

A ce titre elle assure la relation territoriale du Groupe auprès des représentants du monde institutionnel, économique et académique, des associations d’entreprises et des collectivités. Elle porte notamment les projets liés au développement durable et au numérique.

Diplômée de Kedge Business School, son parcours passe par le Crédit Agricole avant de rejoindre La Poste, toujours dans des fonctions marketing et communication.

.L’histoire de la RSE au sein du Groupe la Poste est marquée par 2 dates : la création en 2003 de la direction de la RSE dont la mission était de réduire l’impact des activités du Groupe sur son environnement et le lancement en 2014 du programme prioritaire commun « transition énergétique » qui développe et met sur le marché une gamme complète de services accessibles à tous les territoires pour répondre aux besoins des entreprises, collectivités et particuliers en matière de transition énergétique.

Comment le Groupe s’engage-t-il ?

Le Groupe a entrepris de vastes chantiers de réduction de ses émissions de CO2 avec des résultats probants portant sur la réduction des kms parcourus, la mise en circulation de véhicules innovants à faible émission (1ère flotte de véhicules électriques au Monde), l’installation de consignes, la formation à l’éco-conduite, l’approvisionnement de tous ses sites en électricité 100% d’origine renouvelable et la mise en place d’un système de gestion intelligente des bâtiments.

Les émissions résiduelles font l’objet du plus important programme de compensation volontaire en Europe ce qui permet à l’ensemble des clients du Groupe de bénéficier d’offres courrier, colis, 100% neutres en carbone

Dans le domaine de l’économie circulaire, La Poste favorise les boucles locales de recyclage : logistique inversée, filière papier, création d’une filiale avec le Groupe Suez pour la collecte et le recyclage de tous les déchets de bureau.

La Poste est fortement investie dans la maîtrise de sa chaîne d’approvisionnement et affiche un fort niveau d’exigences environnementales dans le choix de ses fournisseurs et prestataires.

Pourquoi le Groupe met-il en œuvre une politique RSE ?

Pour 3 raisons majeures :

  • respecter les réglementations en cours et préparer celles à venir
  • anticiper les risques sociaux et environnementaux
  • faire de la RSE des opportunités de développement pour le Groupe

En effet, en travaillant sur sa propre transition écologique Le Groupe La Poste a développé des outils et des compétences qui lui permettent de se positionner comme un acteur apportant des solutions nouvelles et pouvant accompagner la transition écologique des entreprises, des collectivités et des particuliers.

Les solutions que La Poste déploie pour elle-même, sont donc également proposées à la société française, sous la forme d’une offre de services adaptée aux problématiques actuelles.

Par exemple, le Groupe commercialise des solutions de gestion de parc de véhicules, de management de l’énergie dans les bâtiments, propose ses offres sur les filières circulaires.

Les facteurs ont à ce jour permis de sensibiliser plus de 30 000 ménages à travers le territoire. En effet, ils sont aujourd’hui en mesure d’intervenir à diverses étapes clés pour quiconque souhaite optimiser les dépenses énergétiques de son domicile : détection et sensibilisation aux travaux de rénovation énergétique, aide à la qualification des besoins, accompagnement dans la définition des projets et mise en place d’un dispositif de pilotage des résultats obtenus, etc.

Point de vue de manager - Loïs MOREIRA (Pôle Eco-Conception)

Loïs MOREIRA est Ingénieur en éco-conception. Après un cursus de concepteur mécanicien, il s’est spécialisé grâce à un Master en éco-conception et a intégré le Pôle Éco-Conception en 2009. Il a eu la responsabilité de plusieurs concours de produits éco-conçus (Pollutec, concours avnir, colloques éco-conception et autre concours régionaux) et détient une expertise en analyse de communication environnementale auto-déclarative des produits. Le rôle de jury de concours et de consultant lui confère une très bonne expertise d’analyse des démarches d’éco-conception. Il a encadré la rédaction de plusieurs guides en éco-conception (événement, service, thermoplastique, les outils d’évaluations, agroalimentaire, réussir sa démarche, conception pour la fin de vie, les emballages, service numérique, auto-déclaration …). Ainsi, tout le long de sa carrière, Loïs Moreira a pu apprécier des centaines de démarches d’éco-conception, exemples et anecdotes dans divers secteurs d’activités, lui conférant une bonne vision des facteurs de réussite et d’échec d’une démarche d’éco-conception.

Comment renforcer la crédibilité d’une auto-déclaration ?

Parmi toutes les formes de communication (écolabels, éco-profils, auto-déclarations), l’auto-déclaration est utilisée par la plupart des entreprises, n’envisageant pas de faire autrement ou n’ayant pas d’autres possibilités en fonction de leur secteur d’activité.

Les autres types de communication ne sont pas toujours adaptés aux contraintes des entreprises. Ils ne sont pas appropriés, soit au type de marché BtoB ou BtoC, soit il n’existe pas de référentiel spécifique à une catégorie de produits, ou les règles méthodologiques sont manquantes. De plus, même si les entreprises utilisent d’autres types de communications relativement globalisantes, l’auto-déclaration peut s’avérer complémentaire pour promouvoir un sujet précis ou afin de mettre en valeur une stratégie spécifique d’éco-conception, et cela dans le but de se démarquer de la concurrence tout en offrant plus de sens aux clients. 

Mais comment l’auto-déclaration peut éviter les écueils du « greenwashing » ? D’autant plus que ce type de communication est dénigré par les instances publiques et que le déficit de conseils dans la littérature est criant. 

Le Pôle éco-conception constate depuis plus de 10 ans, que les entreprises pratiquant l’éco-conception ne rencontrent pas toujours le succès escompté, et cela malgré le sérieux de leurs démarches. A regarder de plus près, nous remarquons que les entreprises engagées ont du mal à se démarquer de leurs concurrents n’ayant pas de démarche d’éco-conception sérieuse.

En 2018, nous avons entrepris la rédaction d’un guide sur la communication environnementale en auto-déclarations. L’objectif étant d’aider les entreprises à améliorer leur communication à ce sujet.

Nous sommes partis des principes fondamentaux de la communication environnementale, issus de l’ISO14020, à savoir qu’une allégation doit être pertinente, exacte, vérifiable et non trompeuse. Nous rajoutons deux autres principes : la preuve de l’efficacité fonctionnelle du produit et l’humilité dans le ton du discours. C’est ce que nous appelons les 6 critères incontournables d’une auto-déclaration :

  • Efficacité fonctionnelle : parce qu’un produit éco-conçu doit d’abord fonctionner
  • Pertinence : parce qu’une communication doit être juste et équilibrée
  • Exactitude : parce que la communication doit être réaliste
  • Véridicité : parce que la transparence est un gage de crédibilité
  • Sincérité : parce qu’une communication doit inspirer confiance
  • Humilité : parce qu’un produit éco-conçu pollue malgré tout

Le guide donne des explications des critères de façon théorique, puis les replace dans un contexte marketing, pour enfin, proposer des conseils de mise en œuvre.

La suite du guide expose les erreurs couramment commises en communication environnementale. Ainsi nous avons recensé 12 pièges à éviter, et préconisé des recommandations sur les attitudes à adopter par les entreprises.

Les 12 pièges à éviter :

  1. Submerger les clients d’allégations
  2. Evoquer toutes les étapes du cycle de vie
  3. Négliger la perception des parties intéressées
  4. Se faire mener par les parties prenantes
  5. Éviter de se comparer par peur
  6. Utiliser des termes négatifs
  7. Communiquer trop ou pas assez
  8. Publier des chiffres parfaits
  9. Utiliser des arguments globalisants
  10. Revendiquer des stratégies fantômes
  11. Ne pas communiquer sur de faibles gains environnementaux
  12. Prétendre des gains trop gros pour être vrai

Enfin, le Pôle éco-conception a proposé trois outils pratiques à l’élaboration d’une communication environnementale. Un premier outil pour choisir le type de communication le plus adapté au contexte de l’entreprise et de ses produits. Un algorithme de choix est ainsi utilisé, il est constitué de questions successives guidant la réflexion.

Un second outil permettant l’analyse des communications existantes ou en cours de création. Il aide à analyser avec un regard critique la communication environnementale des entreprises sur leurs produits, celles de leurs concurrents et aussi celles de leurs fournisseurs.  Cet outil est proposé sous-forme d’une check-list utilisable en trois étapes : une réflexion globale sur l’ensemble de la communication, une analyse de chacune des allégations environnementales et enfin l’analyse revient à l’ensemble de la communication pour noter le sentiment général après examen de chaque argument.

Le troisième outil aide à construire une communication en auto-déclaration dite en « cascade », c’est à dire en 3 niveaux d’appropriation :

  • 1er niveau « argument choc » : susciter l’intérêt en lecture rapide 
  • 2ème niveau « explication » : argumenter sur un support intermédiaire en citant la preuve 
  • 3ème niveau « preuve » : rendre accessible la preuve sur un support détaillé.

Ce guide sortira courant 2019, relu par l’ADEME, ONU Environnement, ARPP et l’AACC, une chercheuse en marketing et une consultante.

Point de vue de manager - Emilie RESTOUT (Goodwill-management)

Emilie RESTOUT est diplômée de KEDGE BS, elle s’est très rapidement intéressée à la thématique du développement durable à travers ses expériences associatives. Avec sa double compétence en marketing et en développement durable, Emilie a pour mission depuis 2015 de développer la notoriété du Label LUCIE et de Goodwill-management, deux organisations qui font la promotion du développement durable en entreprise.

Le Label LUCIE pour valoriser la démarche RSE des entreprises

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Face à des consommateurs de mieux en mieux informés et parfois défiants vis-à-vis des marques et face à des jeunes de générations de plus en plus conscientes de l’urgence environnementale, les entreprises doivent faire face à leur responsabilité sociale et environnementale.

Développement durable, responsabilité sociétale, entreprises à mission ou encore entreprises contributives, les concepts sur le sujet n’en finissent pas de fleurir. Tous s’accordent à dire que la recherche du profit ne peut plus être le seul moteur de l’entreprise, qui doit désormais intégrer les enjeux sociaux et environnementaux à ses activités. Du moins c’est la conviction de LUCIE et de sa communauté d’entreprises engagées et responsables.

Le Label LUCIE 26000

Le Label LUCIE 26000 a été créé à l’initiative de Qualité France Association (Label Rouge) en 2007 pour valoriser les entreprises engagées en faveur du développement durable. La Communauté LUCIE regroupe en 2018 près de 350 organisations responsables, dont 160 labellisés LUCIE 26000. Parmi ces organisations, on trouve des TPE, PME mais aussi des grands groupes évoluant dans une centaine de secteurs d’activités différents. Si LUCIE est aujourd’hui l’une des plus grandes communautés d’organisations engagées en développement durable en France, ce nombre est encore bien trop faible face aux défis qui nous font face.

Pourquoi obtenir un label s’il existe déjà une norme ? En matière de RSE, les entreprises s’engagent de manière volontaire. Il est en effet complexe de définir un « seuil de responsabilité » qui réponde à tous les enjeux, toutes les organisations et tous les pays. C’est pourquoi la norme ISO 26000 est non certifiable, d’où l’existence de labels pour reconnaître l’engagement des entreprises.

Être labellisé LUCIE 26000 implique un processus de labellisation très exigeant. En effet pour obtenir le Label LUCIE 26000, toutes les organisations doivent suivre le même schéma :

Se former aux outils conçus par LUCIE afin d’identifier ses parties prenantes et d’auto-évaluer sa démarche RSE à l’aide d’un référentiel aligné sur la norme internationale de la RSE, l’ISO 26000.

Faire appel à l’un des évaluateurs de LUCIE afin d’avoir un regard expert sur sa démarche RSE et des recommandations.

Prendre des engagements et construire un plan d’action sur 3 ans pour faire progresser sa responsabilité sociale et environnementale.

Valider ce plan d’action auprès d’un Comité de labellisation indépendant composé d’experts de la RSE. Eux seuls ont le pouvoir d’attribuer le Label LUCIE 26000.

Si une telle démarche garantit la crédibilité du Label LUCIE, elle a également un coût pour l’entreprise. Les entreprises labellisées doivent en effet financer la redevance de marque qui s’élève à 0,01% du CA, à cela s’ajoute les frais de l’évaluation externe, qui représentent souvent la majeure partie du coût de la démarche. Ainsi pour une PME de 20 personnes, la labellisation LUCIE coûte environ 9 000€ pour un cycle de 3 ans. Face à ce frein et pour offrir à toutes les organisations une porte d’entrée vers la RSE, LUCIE multiplie des solutions comme par exemple un diagnostic gratuit en ligne, des formations à la RSE ou encore la possibilité d’intégrer la Communauté LUCIE, sans forcément aller jusqu’au label.

De plus, le Label LUCIE 26000 ne se limite pas à un outil de valorisation de la démarche RSE d’une entreprise. En effet la démarche de labellisation impose aux entreprises de prendre régulièrement de la hauteur sur les enjeux court-terme du quotidien pour aborder celui de leur responsabilité sociétale. Grâce à LUCIE, ces organisations adoptent des pratiques plus durables, transformant progressivement leur business model tout en réduisant leurs externalités négatives. Tout cela a un impact direct sur les collaborateurs de l’entreprise qui retrouvent du sens au travail, sont plus motivés et donc plus performants. Côté entreprise, le Label LUCIE 26000 améliore la marque employeur des entreprises qui attirent plus facilement les talents.

Aujourd’hui l’enjeu majeur du Label LUCIE 26000 est d’accroître sa notoriété afin d’apporter une vraie reconnaissance aux entreprises labellisées. Pour cela, les outils de communication et de marketing de LUCIE ont été refondus en 2017 afin de rendre accessible la RSE à toutes les organisations. Exit le jargon et le discours expert, LUCIE souhaite aujourd’hui développer sa notoriété en transformant les labellisés LUCIE en ambassadeurs de la RSE.

Notre ambition : faire de la Communauté LUCIE le laboratoire des initiatives responsables, innovantes et inspirantes !

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