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L’obsolescence programmée, ou simplement provoquée, a pour conséquence de réduire la durée de vie des produits et pose de nombreux problèmes éthiques.

De quoi parle-t-on ?

Nous recevons fréquemment des messages nous demandant de mettre à jour les systèmes d’exploitation de nos smartphones, ou nos ordinateurs. Ces messages sont répétés jusqu’à ce que nous obtempérions. Dans certains cas, la mise à jour finit par se faire sans notre consentement. Puis, nous nous apercevons que la mémoire vive n’est plus suffisante pour faire tourner le système.  Il peut également nous arriver de vouloir acheter des consommables (sacs d’ aspirateurs, cartouches d’imprimantes, …) et de ne plus les trouver disponibles en magasins. Ou encore, nous souhaitons parfois réparer des appareils mais nous apprenons que les pièces détachées ne sont plus disponibles. Ces situations sont le résultat de pratiques d’entreprise qui relèvent de l’obsolescence provoquée. En effet, elles finissent par forcer les consommateurs à remplacer des appareils qui leur convenaient encore très bien, et dont ils auraient pu prolonger la durée de vie.

Question d’éthique : l’obsolescence provoquée des produits
Des téléphones qui indiquent tous la même heure mais qui finiront plus ou moins vite à la poubelle ?

Les logiques économiques derrière l’obsolescence provoquée

La durée de vie fonctionnelle des produits peut parfois être très longue, ce qui a une double conséquence. Tout d’abord, dans les économies développées, les taux de pénétration des principaux équipements sont très élevés, et une part importante des ventes sont des ventes de renouvellement, ce qui fait que les entreprises peuvent être tentées de raccourcir la durée d’utilisation des produits. D’autre part, une durée de fonctionnement étendue oblige, dans le cas des pièces détachées, à conserver des stocks de nombreuses références très longtemps, qu’il conviendra ensuite d’acheminer dans des délais raisonnables, ce qui peut se révéler extrêmement coûteux. Dans le cas des logiciels ou des consommables, la technologie peut évoluer rapidement et le fabricant souhaitera offrir le service le plus performant à ses clients, sous la pression de la concurrence. Il se peut également qu’il ne fournisse pas lui-même les consommables ou les produits complémentaires compatibles, et que les fournisseurs décident de ne plus fabriquer un produit en séries trop petites pour être rentables.

L’obsolescence provoquée comme problème éthique 

Les pratiques d’obsolescence provoquée posent un problème éthique pour plusieurs raisons. Tout d’abord, à la date de l’achat, le client doit pouvoir avoir tous les éléments pour prendre sa décision, y compris la réparabilité et la durée de disponibilité des produits complémentaires. Il doit pouvoir anticiper correctement le coût d’usage de son produit sur le long terme, afin de ne pas être piégé par la nécessité de le renouveler prématurément ou par l’augmentation du prix des produits compatibles. Il doit également pouvoir estimer la durée d’usage de son produit. Ainsi, depuis la loi Consommation, promulguée le 1er mars 2015, le consommateur doit avoir l’information, au moment de l’achat d’un bien durable, de la durée pendant laquelle les pièces détachées sont disponibles. Plus récemment, a été instauré l’affichage obligatoire d’un indice de réparabilité par l’article 16-I de la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 de lutte contre le gaspillage et pour l’économie circulaire, pour les produits électriques et électroniques. Cet indice a vocation à évoluer vers un indice de durabilité.

L’autre problème est celui de la liberté de choix du client. Celui-ci doit pouvoir arbitrer lui-même entre performance relative du produit possédé et coût d’un produit neuf, sans être forcé au renouvellement. Dans le cas des mises à jour forcées, les fabricants se sont parfois justifiés en indiquant que cela permettait d’optimiser le fonctionnement de l’appareil. Cependant, si cela se fait au détriment d’autres fonctionnalités comme la possibilité d’utiliser d’anciennes versions ou de prolonger la durée de vie de la batterie, les alternatives doivent clairement être expliquées au client, et le choix final doit lui être laissé.

Quand les entreprises sonnent la fin de l’obsolescence provoquée

Certaines entreprises, comme Seb, ont devancé la loi et ont garanti dès 2015 la disponibilité des pièces détachées. Ainsi, les pièces détachées de tous les appareils commercialisés depuis 2012 sont disponibles pendant 10 ans après l’achat. Le groupe s’engage également sur des délais de livraison des pièces détachées et à fournir des pièces dont le coût ne soit pas supérieur à 50 % du prix de l’appareil neuf. Ces engagements, largement communiqués par la marque, et très appréciés des consommateurs, ont constitué un élément de différenciation important.

Par ailleurs, des conceptions modulaires des produits, permettant de les faire évoluer, et de ne changer que les pièces nécessaires en cas de panne, voient le jour dans le secteur de la téléphonie mobile, ou encore de l’électroménager.  Elles devraient permettre aux entreprises à l’origine de ces initiatives d’éviter le bouche-à-oreille négatif que déclenchent les pratiques d’obsolescence provoquée sur les réseaux sociaux, et de mettre fin à des actions de consommateurs qui s’échangeaient des solutions pour contourner le problème.

https://afmmarketingblog.wordpress.com/2021/10/22/obsolescence-provoquee-programmee-des-produits-consommation/

Question d’éthique : l’obsolescence provoquée des produits