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On a tou.te.s en tête la finale de la Coupe du Monde où les supporters (de l’équipe de France) exprimaient collectivement leur joie lorsqu’un but était marqué et à l’inverse leur déception  lorsque une action était ratée ou qu’un adversaire devenait dangereux.  On a perçu cette émotion présente dans le stade au travers de notre écran ; on l’a ressentie individuellement et partagée avec celles et ceux qui nous entouraient ; on l’a exprimée par des cris de joie, des embrassades ou tout autre moyen d’extériorisation propre à chacun.e. Au fur et à mesure du match et de nos interactions avec notre entourage, les émotions vécues par chacun.e mais également par le groupe sont allées en s’intensifiant. Ce phénomène  correspond aux dynamiques émotionnelles collectives. Pour rester dans le domaine du football, lors de l’hommage rendu à Emiliano Sala, porté disparu après le crash de son avion, les supporters présents dans le stade et les téléspectateurs ont également ressenti collectivement des émotions de tristesse et de colère…

Les états émotionnels au  sein d’un groupe sont-ils de même nature ?

Les recherche en psychologie cognitive et sociale, en sociologie, en marketing et même en neurosciences nous apprennent qu’il existe en fait au trois types d’états émotionnels collectifs et qu’ils résultent de la mise en œuvre de deux principaux mécanismes. Nico Didry et Jean-Luc Giannelloni nous en proposent une synthèse publiée dans Recherches et Applications Marketing.

Ainsi, lors de la Coupe du Monde, les individus ont simultanément exprimé des émotions individuelles selon les normes et les codes culturels du groupe auquel ils appartiennent (supporters) : on les appelle des émotions de groupe. A ne pas confondre avec  l’émotion collective qui ne peut apparaitre que dans un groupe de personnes qui évaluent de la même manière le  vécu de leur expérience. Ce type d’émotion s’est aussi aussi produit lors de la Coupe du Monde.

Quelle est la dynamique de ces états émotionnels collectifs ?

Dans les exemples précédents, l’émotion collective résulte de la combinaison du partage d’émotions (positives et négatives) et de la contagion émotionnelle qui induisent une convergence  émotionnelle.  Le partage d’émotions est un besoin social, tellement présent qu’il conduit plus de 60% des personnes à faire part à d’autres, le jour même de sa survenance, d’un événement émotionnel. Il est à noter que c’est aussi une stratégie de coping dans le cas de ressenti négatif comme par exemple chez les témoins / survivant.e.s  d’attentats. En parallèle, se produit la contagion émotionnelle, une « tendance à synchroniser de manière automatique ses expressions faciales et vocales, ses postures et ses mouvements avec ceux d’une autre personne et, par conséquent, à converger émotionnellement ». Cette uniformisation des ressentis au sein du groupe est appelée convergence émotionnelle.

Il n’y a pas que le foot !

Ces états émotionnels collectifs peuvent apparaitre dans bien d’autres circonstances : manifestations sportives ou culturelles de toutes tailles (méga concerts comme concert de rue, bal de quartier), lieux de vente ou de consommations mais aussi commémorations, rassemblements politiques, etc.

Chercheur.e.s  en marketing n’attendez plus pour vous lancer dans ce champ de recherche encore largement inexploré : la lecture du papier de Nico Didry et Jean-Luc Giannelloni est à cet égard inspirante et motivante.  Les organisateurs de manifestations sportives, culturelles, politiques ou de loisirs, quelle que soit leurs ambitions et leur envergure, mais aussi les personnes en charge de commémorations et autres manifestations moins récréatives vous seront reconnaissantes de les éclairer sur les mécanismes en jeu lors de la création et diffusion d’émotions mais également sur les déterminants et conséquences de ces émotions collectives.

Didry N. & Giannelloni J.-L. (2019),  Les dynamiques émotionnelles collectives. Perspectives pour le marketing, Recherche et Applications en Marketing,  First online, 21 mars

https://afmmarketingblog.wordpress.com/2019/05/02/plus-on-est-de-fous-plus-on-rit-le-pourquoi-et-le-comment-des-emotions-collectives/

Plus on est de fous, plus on rit! Le pourquoi et le comment des émotions collectives