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Une étude des comportements de consommation alimentaire révèle que les Français adoptent progressivement des pratiques en phase avec les recommandations des campagnes institutionnelles en faveur du bien manger et de la lutte contre le gaspillage.

Vous connaissez certainement la campagne de prévention santé Manger Bouger et son fameux « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé ». Mais savez-vous qu’elle propose aussi de mettre en œuvre 6 pratiques pour mieux manger ? Citons par exemple : « Structurer les prises alimentaires en trois ou quatre repas par jour ». De même, connaissez-vous la campagne mettant en avant les « Les dix gestes antigaspi » ? Elle recommande, par exemple, d' »acheter en quantités adaptées et planifier ses repas ». Ce que ces campagnes ont en commun, c’est d’aller au-delà de la sensibilisation des cibles à une cause en suggérant des actions simples à mettre en place au quotidien. L’idée peut paraître bonne. Mais, que dire de son efficacité ? Autrement dit, ces actions sont-elles vraiment mises en œuvre par les consommateurs dans leur vie courante ? Si oui, comment ?

Bien manger et ne pas gaspiller : mode d’emploi
Visuel réalisé pour le compte de Orléans Métropole afin de promouvoir la lutte contre le gaspillage alimentaire.

Pour une analyse des pratiques

Ce sont les questions que posent Margot Dyen, Lucie Sirieix et Sandrine Costa dans un article publié dans Décisions Marketing. Elles les appréhendent sous l’angle de la théorie des pratiques. L’intérêt de cette approche est la prise en compte de l’émergence, dans un contexte donné, de formes d’activités sous-tendues par des réflexions, des états émotionnels et des motivations, un savoir-faire. Concrètement, dans cette recherche qualitative, les auteures s’intéressent à ce que les gens font et disent autour du bien manger et de l’anti-gaspi. Ainsi, elles ont mené des entretiens semi-directifs conduits à partir de collages projectifs, des observations participantes des courses et du repas à domicile, et finalement un focus groupe.

Bien manger et ne pas gaspiller implique de l’organisation …

Dans l’ensemble, les actions recommandées sont mises en place dans le quotidien des consommateurs interrogés. Ces pratiques reflètent trois principaux modes d’organisation :

  1. Coordination avec les pairs notamment pour tenir compte de leurs goûts et préférences, se retrouver en famille ou entre amis. Par exemple, pour « Manger en compagnie », « Favoriser et équilibrer les féculents, les fruits et les légumes », « Structurer les repas en entrée-plat-dessert » dans le domaine du bien manger, et « Accommoder les restes » ou « Partager des produits avec des pairs » dans le contexte de la lutte contre le gaspillage.
  2. Coordination avec d’autres pratiques (alimentaires ou non) afin de tenir compte de contraintes spatio-temporelles, notamment le temps et l’espace disponibles pour faire les courses / cuisiner / stocker, les horaires de travail, la proximité des sources d’approvisionnement, etc. La maîtrise de ces contraintes est nécessaire pour la mise en œuvre de recommandations comme « Prendre le temps de manger » dans le domaine du bien manger et « Acheter et cuisiner en quantités adaptées » dans le contexte de la lutte contre le gaspillage alimentaire.
  3. Gestion des produits dans le foyer comme pratique sous-jacente à toutes les pratiques du bien manger et de la lutte comme le gaspillage. Ce mode d’organisation est omniprésent dans l’application des recommandations telles que « Favoriser les fruits et légumes, varier les féculents et les protéines », « Limiter les aliments gras, salés, sucrés » ou « Manger en compagnie » dans le domaine du bien manger et « Congeler les produits pour mieux les conserver », « Accommoder les restes » dans le contexte de la lutte contre le gaspillage.

Comment aider les consommateurs à mettre en place ces pratiques vertueuses ?

Les auteures proposent des actions que pourraient développer les municipalités et les entreprises afin d’inciter les consommateurs à mettre en place des pratiques pour mieux manger et moins gaspiller et les soutenir dans leurs efforts. Il s’agirait ainsi d’informer sur l’existant en termes de lieux d’approvisionnement et de dispositifs de partage et de lutte contre le gaspillage, mais aussi d’organiser des événements qui mettent la lumière sur ces pratiques et invitent à franchir le pas.

Au-delà de ces recommandations institutionnelles, les auteures développent l’idée d’un étage « spécial restes » à l’intérieur du réfrigérateur ou de zones permettant d’y localiser les différentes catégories d’aliments, qui seraient identifiées par des réglettes. Un dispositif tout simple mais prometteur !

Dyen, M., Sirieix, L. & Costa, S. (2021). Bien manger et ne pas gaspiller la nourriture, une question d’organisation ?. Décisions Marketing, 101, 89-112.

https://afmmarketingblog.wordpress.com/2021/11/25/bien-manger-ne-pas-gaspiller-gaspillage-consommation-alimentaire/

Bien manger et ne pas gaspiller : mode d’emploi